LINDA NAEFF A AUSSI ECRIT....
J’oublie>/b>
J’serai une petite vieille bien heureuse
Car plus j’vieillis, et plus j’oublie
J’oublie
J’oublie
J’oublie
Mon enfance est déjà presque gommée
Comme sur les pages de mon cahier,
On ne voit plus que quelques ombres
Dessus, j’ai tout redessiné
J’ai cru, pourtant, m’être appliquée,
Mais on dirait comme un décalque.
Maman qui pleure dans l’tablier,
Je sais plus si c’est elle ou moi,
J’oublie
J’oublie
J’oublie
Mes enfants ont si vite grandi
Est-ce mes rêves ou bien les leurs ?
Est-ce mes filles ou bien mes sœurs ?
Ma vie a-t-elle si vite passé ?
J’oublie
J’oublie
J’oublie
A la recherche de l’amour,
A la recherche de la tendresse,
Est-ce moi, à quelques mois ?
Ou ce bébé si vagissant
A qui on parle de grand-maman,
Le fruit de mes propres enfants ?
J’oublie
J’oublie
J’oublie
Grand-maman, maman ou l’enfant,
Je saurai même plus qui je suis.
Je s’rai une petite vieille bien heureuse
Car plus je vieillis, plus j’oublie
J’oublie
J’oublie
J’oublie
A la recherche de soi-même,
Les angoisses, les stress, c’est fini
« Allons, viens, marchons lentement. »
Qui parle ainsi, et puis, à qui ?
Est-ce ma fille à son enfant ?
Est-ce ma mère, j’étais enfant ?
Est-ce moi, mère, à mes enfants ?
Est-ce pour moi la Grand-maman,
Est-ce la fin du commencement ?
Ou le commencement de la fin ?
J’oublie J’oublie J’oublie J’oublie
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Prière à l’oiseau
Toi l’oiseau ! Emporte-moi sur un nuage
Où il y aurait pas d’Khomeiny
Où il y aurait pas d’comédie, de tragédie
Où on parlerait pas d’ Khadafi
Où il y aurait moins de fracas
(moins de KK, moins de caca)
Emmène-moi sur des sommets
Où je rencontre pas Pinochet
Où je puisse respirer l’air pur, voir la lumière
Ne plus parler de nucléaire
Toi l’oiseau ! Emporte-moi sur ton dos
Que mon corps plane loin de cette terre
Qu’il vibre à la caresse de l’air
Libre, et sans crainte du cancer
Toi l’oiseau ! Fais-moi goûter les fruits du ciel
Ceux qu’on savoure en volupté
Que je puisse enfin tout manger
Sans crainte de m’empoisonner
Toi l’oiseau ! Si libre si beau
Je t’en prie monte toujours plus haut
Ne me présente pas Poutine
Qui assassine, tue en sourdine
Ne mérite que la guillotine
Quand ce sera le grand branle-bas
Tous ces trucs autour de la terre
Ces satellites de misère
Qui retombent sur leurs nez en l’air
Je veux être loin, avec les miens
C’est là ma dernière prière
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J’ai des jours de souffrance
J’ai des jours de souffrance
A provoquer l’éclipse du soleil
Pendant tout un été,
A me terrer le jour
Comme si c’était la nuit
Du plus profond des puits
J’ai des jours de douleur
A quadriller mon cœur
De lames de rasoir
Pour ne plus jamais voir
Et ne plus rien savoir.
J’ai des jours d’angoisse
A faire trembler la terre
Echelle 10 sur l’échelle de Richter
Et à me réveiller déchiquetée
Ensevelie, ne plus pouvoir bouger
Et souhaiter crever.
J’ai des jours de folie
A me sortir les yeux
A la pointe du couteau
Et puis à les manger
A tronçonner mes pieds
Et marcher sur mes mains
A sortir mes boyaux
Et à les laisser là,
Le long de la chaussée
Pour les faire piétiner.
J’ai des jours d’hystérie
A m’ébouillanter,
Et la peau, l’arracher
Pour la donner aux porcs
En guise d’épluchures.
Des jours à me piétiner l’aorte,
A débiter en bas quartiers
Ma tête sur une civière
Et à m’asseoir par terre
Voir les arbres qui poussent à l’envers
Et répéter encore
Que l’envers du décor,
Je ne veux plus le voir
Et préfère être mort
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J’mets les voiles
Voile de bateau, hisse le drapeau
Voile de mariée, laisse tomber
Voile de deuil, tu peux pleurer
Je suis voilé, foutu, touché
J’ai un voile devant les yeux
Voile visuel : fini Noël
Voïvode : diacode
J’mets les voiles
En voiture : mortuaire
Imposture : humanitaire
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Je vais prendre le train
Je vais prendre le train
On se reverra pas
Sur ce train-là, tu vois,
Ne m’accompagne pas
C’est un train souterrain
Où je ne verrai rien
Juste avant de partir,
Si tu peux me le dire
Que tu m’aimes à mourir
Mourir, je le dois,
Mais avant tout cela,
Je t’en prie, une fois,
Dis le moi !
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J’aurais voulu être …
J’aurais voulu être un piano
Que l’on mette une main sur mon Do
Pour avoir le droit de pleure Ré
Savoir que l’on a une âme Mi
Ne pas s’étendre sur un sot Fa
Pour ne pas rester brisée au Sol
Comme une potiche cassée La
Que l’Amour me porte bien haut Si
Vie de tendresse et sans fard Do
J’aurais voulu être un oiseau
Pas rester là comme un rat Do
Coincée dans un port sinistr- Ré
Me retrouver au matin blême Mi
Dans la grisaille qui m’étouf -Fa
Vivre d’Amour sous un para –Sol
Chanter bien fort Je crèverai pas La
Gavée de soleil et sans un sou Si
Voler et retourner aux landes Do